Difficile semaine pour les adeptes du Yoga Ashtanga qui ont dû faire face au départ inattendu et tellement prématuré de celui qui détenait les clefs du KPJAYI, le K.PATTABHI JOIS ASHTANGA YOGA INSTITUTE à MYSORE, en Inde, depuis le décès de son grand-père en 2009:
SHARATH JOIS si jeune, si talentueux nous a quittés le 11 novembre dernier à l’âge de 53 ans.
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Extrait de LEPETITJOURNAL.COM
Edition Inde
Écrit par Marie-Helene Lapina
Publié le 13 novembre 2024, mis à jour le 14 novembre 2024
Ce matin, le silence qui précède les premières lignes du mantra d’ouverture d’Ashtanga, vande gurūṇām caraṇāravinde (Je m’incline aux pieds du guru) résonnait d’une tristesse particulière. Des millions d’adeptes du yoga Ashtanga, ont déroulé leur tapis, le cœur lourd, choqués par la disparition subite de Paramaguru (la figure d’autorité ultime dans la lignée du yoga Ashtanga).
Qui était Sharath Jois ?
Sharath Jois, guide spirituel, maître qui incarnait l’essence même de l’Ashtanga depuis la disparition de son grand-père Pattabhi Jois, n’est plus. Pour ses élèves aux quatre coins du monde, c’est une perte qui frôle l’ordre de l’intime.
C’est une rupture dans le cheminement, la voie du yoga, un adieu à celui qui représentait cette discipline, cette force intérieure, qui caractérisent la pratique originaire de Mysore.
Pourtant, Sharath n’était pas destiné à devenir ce maître emblématique de l’Ashtanga. Enfant, frêle et malade, il rêvait secrètement d’une carrière de joueur de cricket. Incapable de poursuivre son rêve en raison de sa santé fragile, il trouva une autre voie, une voie exigeante, où résilience et patience deviennent des maîtres-mots : celle de l’Ashtanga.
Dès l’âge de 19 ans, Sharath commence à assister son grand-père à Mysore. Levé à 3H30 chaque matin, sauf les jours de pleine lune (jours où la pratique est interdite), c’est dans le silence et l’obscurité matinal que le jeune Sharath forgera sa propre approche de la pratique, une approche empreinte de rigueur, d’humilité et de dévotion.
La voie de l’Ashtanga : Entre rigueur et dévotion
Pour Sharath, l’Ashtanga n’était pas une simple série de postures, mais une voie spirituelle imprégnée des yamas, ces préceptes éthiques du yoga. Il vivait et enseignait avec une foi inébranlable dans le principe de tapas – cet engagement qui prône l’austérité et la constance.
La discipline, le sacrifice, l’effort qui brûle les impuretés, Sharath les portait en lui et les insufflait à ses élèves. À chaque correction, chaque conseil, il nous rappelait que pratiquer l’Ashtanga permet de dépasser le simple travail corporel ou la pratique des asanas (postures).
Au cœur de chaque posture, s’ancre le désir de maîtriser l’esprit, pour purifier l’âme. Son approche stricte n’était pas de la sévérité, mais un acte de bienveillance, poussant chacun d’entre nous à découvrir nos forces et nos faiblesses, à renoncer à la gratification instantanée pour suivre la voie de la discipline, de l’austérité, celle par laquelle se manifeste le véritable amour de soi.
Si l’esprit et l’âme ont déserté le véhicule corporel, l’héritage de Sharath persiste.
Aujourd’hui, des milliers de pratiquants se trouvent orphelins, privés de cette figure qui les guidait à travers chaque étape de la pratique. Mais après tout, n’est-ce pas le but ultime de la pratique “Mysore” : trouver le guide qui sommeille en chacun d’entre nous ?
Sharath n’est plus là pour assister ses élèves, néanmoins son héritage reste présent dans chaque respiration, chaque posture, chaque Vinyasa.
Marquée par un engagement infaillible, la vie de Sharath nous enseigne que le yoga est avant tout une voie de dévotion. Et si Sharath a sacrifié ses rêves pour transmettre la méthode créée par son grand-père, ce n’est pas en vain. Et il laisse derrière lui une communauté unie par cette quête de soi, cet amour de la discipline de la pratique répétitive, rigoureuse, quasi religieuse de la première série (l’Ashtanga se compose de six séries) et des autres, pour les plus téméraires.
Merci Guru Ji, merci Paramaguru. À chaque lever de soleil, chaque nouvelle lune nous continuerons le chemin avec le même courage, la même sincérité et la même dévotion.
Namaste!
https://lepetitjournal.com/inde/communaute/hommage-sharath-jois-maitre-du-yoga-ashtanga-396706
Bon voyage Sharath, Merci d’avoir œuvré à développer cette discipline du Yoga Ashtanga qui nous est si chère, même vital pour beaucoup d’entre nous. Merci d’avoir maintenu vivant l’héritage de ton grand-père et de l’avoir enrichi de ton savoir, ton expérience.
Ce chemin du Yoga Ashtanga continue sans toi, merci pour tout ce que tu as transmis avant de partir.
Om
🙏💛
Fanny